- TRACHOME
- TRACHOMELe trachome est une conjonctivite folliculaire endémique humaine à évolution aiguë, puis chronique, causée par Chlamydia trachomatis , et pouvant même aboutir à la cécité. Maladie contagieuse, très fréquente dans les régions chaudes du globe et connue depuis l’Antiquité en Chine, en Égypte et en Grèce, elle reste l’infection oculaire la plus répandue dans le monde et sévit principalement dans les pays du sud de la Méditerranée. Le bas niveau de vie, la promiscuité, le défaut de propreté, la pollution de l’eau, la pullulation des mouches favorisent la contagion. Les classes pauvres sont donc les plus touchées. Toutefois, on la rencontrait, il y a quelques années, dans les régions arctiques de la Norvège et de la Finlande. On estime à environ 500 millions le nombre de cas de trachome dans le monde, dont 7 ou 8 millions devenus aveugles.Agent pathogèneL’agent pathogène, Chlamydia trachomatis , est un micro-organisme proche parent des rickettsies (cf. RICKETTSIES ET RICKETTSIOSES, tableau). Par suite de sa taille plus petite que celle des bactéries, et du fait qu’il est un parasite obligatoire de la cellule vivante, on l’a longtemps considéré comme un virus. Une équipe de chercheurs japonais l’a pourtant observé en microscopie optique dès 1936. En outre, il est actuellement démontré que ce micro-organisme réunit, comme les bactéries, les deux types d’acides nucléiques (ADN et ARN) et possède une paroi constituée d’acides muramique et diaminopimélique. Enfin, on a vu en microscopie électronique qu’il se divise par fission binaire (cf. photo). Tous ces caractères prouvent donc que Chlamydia trachomatis n’est pas un virus, mais un organisme cellulaire proche des bactéries.Il se propage par contagion directe, au moyen des produits de sécrétion de l’œil, mais les formes atténuées ou les infections inapparentes sont également contagieuses. Elles peuvent, en effet, favoriser la diffusion de la maladie, notamment dans les écoles et les pensionnats. On a attribué à ce germe un rôle important dans une sphère différente: il représenterait une cause majeure d’infections sexuellement transmissibles.Signes cliniquesÀ la phase catarrhale initiale, d’aspect banal, succèdent des granulations caractéristiques translucides, grisâtres, arrondies, qui épaississent la conjonctive palpébrale et siègent d’abord dans le cul-de-sac de la paupière supérieure. À ces granulations peut se surajouter un état inflammatoire aigu, dû parfois à une surinfection qui lui donne l’aspect d’une ophtalmie purulente.À la longue, le trachome s’accompagne du pannus , lésion qui consiste en un envahissement de la partie supérieure de la cornée par les vaisseaux du limbe, entraînant une opacification progressive, cause de cécité.Au cours de la période chronique, ou trachome cicatriciel, la sclérose de la conjonctive forme des plages nacrées et rétractées comblant en partie les culs-de-sac. Très souvent, il y a formation d’ectropion ou de trichiasis [cf. ×IL HUMAIN].Traitement individuel et traitement de masseUne distinction doit être faite entre le traitement des cas individuels de trachome et le traitement de masse des populations vivant dans les zones où la maladie est endémique.Le traitement des cas individuels est facile à surveiller. Dans la mesure du possible, il faut améliorer les conditions de vie du malade et lui faire observer les règles élémentaires d’hygiène.Au stade aigu, on peut utiliser en même temps les sulfamides (sulfadiazine) et les antibiotiques (en particulier les tétracyclines et leurs dérivés). Les premiers sont administrés par voie générale et les seconds par voie soit générale, soit locale, soit encore les deux à la fois. On donnera peut-être la préférence aux sulfamides retard plus faciles à administrer, mais les composés à action rapide présentent moins de risques de réactions toxiques ou allergiques.L’action des sulfamides et des antibiotiques sur les Chlamydia est liée au métabolisme relativement complexe de ces micro-organismes. Les sulfamides inhibent la synthèse de l’action folique, mais toutes les Chlamydia n’y sont pas sensibles. Les antibiotiques inhibent la synthèse des protéines au niveau des ribosomes. La présence de mucopeptides dans leurs parois cellulaires rend les Chlamydia sensibles à quelques-unes des pénicillines, mais elles le sont davantage aux antibiotiques à spectre d’activité étendu. On a mis au point de nouveaux antibiotiques, tels que rifamycines et mitomycine. Des préparations retard permettraient de réduire la fréquence des applications.Au stade chronique, outre les antibiotiques, on a encore recours aux cautérisations locales avec des sels de cuivre. Les interventions chirurgicales sont rares; il s’agit d’excision de paquets de granulations situés dans le cul-de-sac palpébral. On peut remédier aux opacifications de la cornée par des greffes lamellaires.On a constaté dans plusieurs pays que la thérapeutique avait dépassé son objectif immédiat, l’atténuation de la gravité des cas individuels, car une campagne de traitement de masse peut limiter la propagation de l’agent infectieux dans une collectivité, notamment dans les écoles, et réduire ainsi, finalement, la prévalence de la maladie.Dans les campagnes de masse, la pénurie d’installations et de personnel rend généralement toute surveillance étroite impossible; le mieux est donc de pratiquer des applications locales d’antibiotiques. En effet, l’administration par voie générale peut provoquer des réactions toxiques ou allergiques et nécessite des dosages précis si l’on veut maintenir le produit à une concentration efficace sans effets cumulatifs. En outre, une résistance aux antibiotiques ou aux sulfamides utilisés peut apparaître dans ce cas chez d’autres micro-organismes pour lesquels on ne possède aucune thérapeutique de rechange.Les recherches concernant une vaccination préventive n’ont pas abouti; toutefois, le faible pouvoir antigénique de l’agent du trachome donne des résultats décevants dans les zones d’endémie où des essais ont été pratiqués. Bien que le trachome régresse dans les régions en voie de développement, l’infection y persiste sous forme inapparente, et des reprises seront toujours à craindre comme l’avait prédit, en 1933, Charles Nicolle dans son ouvrage Destin des maladies infectieuses .• 1752; gr. trakhôma, proprt « aspérité »♦ Méd. Conjonctivite granuleuse contagieuse et chronique, d'origine bactérienne, endémique dans certains pays chauds, pouvant entraîner la cécité par l'atteinte secondaire de la cornée avec formation de cicatrices opaques.trachomen. m. MED Atteinte oculaire de nature virale, endémique dans certains pays chauds où elle est une cause fréquente de cécité.⇒TRACHOME, subst. masc.PATHOL. Conjonctivite granuleuse de nature virale, contagieuse, fréquente en Orient, cause de cécité, caractérisée par la formation de follicules, une hyperplasie papillaire et un pannus cornéen entraînant des lésions cicatricielles de la cornée. Jaeger (1812) avait préconisé l'utilisation [du pus blennorrhagique] pour le traitement du trachome(HUDELO ds Nouv. Traité Méd. fasc. 1 1926, p. 490). Les virus sont les agents de très nombreuses maladies infectieuses humaines: le rhume ordinaire, ou coryza, la grippe, la poliomyélite, les oreillons, la rougeole, la varicelle, la variole, l'herpès, la fièvre jaune, le trachome, la rage, etc. (QUILLET Méd. 1965, p. 189).Prononc.:[
]. V. -one. Étymol. et Hist. 1752 pathol. « conjonctivite granuleuse » (Trév.). Empr. au gr.
« aspérité » en partic. « aspérité de la paupière devenant raboteuse à l'intérieur » lui-même dér. de
« rude, raboteux ».
trachome [tʀakom] n. m.❖♦ Médecine.1 Granulations qui apparaissent dans la conjonctivite granuleuse. ⇒ Œil.2 Affection contagieuse (rickettsiose), endémique dans les pays chauds, caractérisée par la formation de granulations dans les culs-de-sac conjonctivaux et par une inflammation de la conjonctive bulbeuse (→ Juger, cit. 22). — Syn. : conjonctivite granuleuse.➪ tableau Principales maladies et affections.❖DÉR. Trachomateux.
Encyclopédie Universelle. 2012.